Bon, alors voilà, Ami Lecteur, j'ai vu que tu aimais bien les articles à sensation, genre où je raconte mes poumons qui se font la malle, le passage aux
Urgences, le goutte-à-goutte toussa toussa.
Je t'ai fait l'épisode 1 : Pour un pot de miel, elle tombe dans les escaliers de sa cave et elle manque se briser douze côtes. Mais elle remonte son pot de miel, finit son dîner chic et part
mourir seule à l'hosto. On l'a renvoie chez elle après quatre heures d'attente et une radio...
Je t'ai fait l'épisode 2 : En finissant son coca sans bulles à la bouteille, elle chope un pneumothorax. Mais elle fait classe quand même à ses affreux, consulte son médecin pendant la récré, et part
mourir seule à l'hosto. On la renvoie chez elle après une intervention, une machine à bulles, de la couture, des drogues et quatre jours d'hospitalisation...
Je te fais l'épisode 3 : Ah bah ouais ! Faut savoir hein ! Ne dit-on pas "jamais deux sans trois" ???
Alors voilà, je te raconte. Mais t'as intérêt à mettre des comm. plein de misère de commisération apitoyée, avec des vrais morceaux de soutien bio dedans, sinon moi, j'arrête !
Alors donc.
Au fil de ma semaine de congé maladie, je me retape. Je retrouve le genre de rythme effréné qu'on se donne en fin de congé mater. : un objectif par jour, pas plus ("Aujourd'hui, je vais acheter une baguette !").
Je fais un achat ou deux.
Je bouquine.
Je dors.
Je range un peu.
Et je vais de mieux en mieux.
Un peu comme après ma chute - épisode 1. Juste avant mon pneumothorax - épisode 2... tu vois ?
Et voilà-t-y pas que samedi soir, pour le dîner, je sors des tas de bonnes choses que ma Très-Belle-Mère
(en vrai adorable) m'a achetées la veille, pour me faire du bien et me soulager de quelques courses.
Sur la table, une boîte de taboulé libanais. Tu vois, ce taboulé très vert et citronné, où tu cherches la semoule tellement il y en a pas ?
Je me dis, moi qui habituellement en prends très peu (trop de persil...) qu'il faut le manger rapidement pour qu'il reste bon. Et que ça me fera certainement
le plus grand bien, tout ce fer et ces vitamines (pauv' chout' !). Et puis, ça sent si bon les vacances...
Alors en attendant que la famille se mette à table (raz-le-bol d'appeler, chuis fatiguée, moi !), je mange. Et pendant le repas, je mange aussi. C'est très acide, tout ce citron. J'aime bien. C'est d'ailleurs ce qui fait que je peux manger tout ce persil.
Je propose à mon homme d'en prendre. Il n'en veut pas. Alors j'en mange encore...
Vient la nuit.
Une loooonnnngue nuit.
Mon estomac s'est mis en grève. Totale. Du coup, comme les camionneurs sur l'autoroute, il bloque tout le monde. Et ça râle, là-dedans. La pression monte ! Les syndicats s'en mêlent ! Les médias mettent leur grain de sel... rien à faire ! La situation est enkystée.
Comme la chèvre de Monsieur Seguin, j'ai lutté toute la nuit. Et au matin...
8h30
Et bah, quand ça marche pas dans un sens, faut essayer dans l'autre. C'est ce que mon corps lasse a décidé de faire.
Je te passe les détails.
Sauf que ça a été extrêmement violent et répété.
Que ça m'a provoqué des maux de tête terribles (on dit céphalées, quand on a du vocabulaire).
Que mes essais pour prendre des antalgiques par voie orale se sont voués à des échecs.
Et que je commençais à ne plus voir les touches de mon téléphones, mon mari étant sorti à l'aube....
Lorsqu'il est rentré daredare, appelé par Monfiston, il a immédiatement pris les choses en main :
10h20 - SOS Médecin.
Vomissements ? Céphalées importantes ? Perte de vision ? AUX URGENCES !
Entre le moment où l'homme de l'art a passé la porte et celui où je cherchais à m'habiller, je ne trouvais plus mes mots. Confusion mentale totale. Ca donnait ce genre de dialogue surréaliste (sur le ton de la panique, avec force gestes à l'appui) :
- Passe moi mon... mon... mais si enfin !!! Mon... pour mettre là, sur mes... yeux ! Non, non ! Pas sur mes yeux, enfin ! Sur mes... là ! là ! Mon...
Je ne trouvais plus mes mots. Attention hein ! Je ne te dis pas "Ornithorynque" ou "Tricératops" ou même "palimpseste".
Non.
Pantalon,
Chaussette,
Téléphone...
Le blanc. Le grand blanc. Même pas la queue d'une idée.
Enfin si, l'idée, elle est bien là. Mais le mot, non.
...
...
Et bin je peux te dire que ça fait drôle !!!
Ce bon vieux cerveau, qui te joue bien des tours parfois, en oubliant la p'tite au conservatoire, en allant deux semaines trop tôt chez l'allergologue, ou en disant ceci au lieu de cela (et même que ceci est très embarrassant...) il ne t'a jamais
VRAIMENT fait défaut. Tu t'entendais plutôt bien avec lui. C'est même un peu ton outil de travail, si t'y penses bien...
Et ben là, pouic ! Vacaaaancccces ! Y'a pu personne !!!
11h00 - URGENCES, donc.
Blouse ouverte dans le dos, brancard, drap, perf.
Examens bras, yeux, jambes, yeux encore, signes vitaux, bras encore, yeux encore, prise de sang blablabla...
On va faire un scanner.
Attente dans le couloir.
Attente
attente
attente
attente
attente
attente
attente...
Scanner.
Attente dans le couloir.
Attente
attente
attente
attente
attente
attente
attente...
On a les résultats du scanner : on ne voit rien de particulier (ouf !) mais ça ne veut pas tout dire : quand on le fait très tôt (!), il peut ne rien montrer.
Alors, on va faire une ponction lombaire (! ouille ?).
Attente dans le couloir.
Attente
attente
attente
attente
attente
attente
attente...
Déplacement dans une salle d'intervention.
Visite du neurologue qui repose les mêmes questions. Refait les mêmes examens. Explique tout et lance la procédure de ponction lombaire.
Ponction lombaire
("Ca vous dérange si c'est cette très gentille étudiante en médecine qui vous fait votre ponction ?"... "Naaannnnn ! pensez-vous !").
Attente des résultats et prévention d'une possible réaction post-opératoire.
Attente dans le couloir.
Attente
attente
attente
attente
attente
attente
attente...
Et hop ! Fini !
Rien dans la ponction non plus : pas de trace d'hémorragie céphalée, donc pas d'anévrisme en déroute, d'AVC en goguette, de méningite sauvage...
Prescription d'un IRM à ajouter à ma collection d'examens médicaux à venir, et retour au bercail !
Fin des opérations : 21h30
La maison retrouve son cours habituel.
Dîner, devoirs, histoire, dents...
Ma nuit a été parfaite.
Aujourd'hui, je me porte comme un charme !
:o)
Alors !
T'as vu ce que je fais pour toi, Ami Lecteur ? Pour te tenir en haleine, mieux que Docteur House himself ???
On dit quoi ?
Vazy, fends-toi d'un comm. bien consistant à présent...
:o)
(Et me dis pas que j'ai manqué de prudence, que je n'ai pas pris soin de moi, qu'il faut que je m'écoute plus blablabla ! Même pas vrai. En tous cas, pas cette fois !).
(Et raconte pas non plus cette histoire à mes côpines de Monécole, sinon elles voudront jamais que je revienne jeudi...!).
(J'ai ouvert un nouveau libellé pour mes articles : "santé" !!! pfff... je vais quand même tâcher de ralentir le filon !).