Salut ami lecteur.
Tu vas bien ?
Tu es en vacances ?
Nan ?
DOMMAGE ! Moi, oui.
Mais tu vois, je suis bonne fille : de passage à la Grande Ville pour déposer Madounette en partance pour un camp de jeannettes, je passe par ici te saluer un instant, et partager avec toi un 'tit article retrouvé au fond d'un placard et que j'ai bien aimé. Je ne raffole pas, en général, des sirènes clamant que les enfants étaient tellement mieux avant, et que leurs parents itou. Mais dans ce billet-ci, j'ai reconnu comme du déjà vu, déjà vécu, alors voilà... je partage. Après ça, t'en fais c'que t'en veux, hein. T'es un lecteur libre, après tout ! ;oD
La chronique de Martine-Marie Muller
(enseignante, romancière et mère de trois enfants)
Nouvelles mères
J'observe les nouvelles mères à la sortie des écoles, la mienne, ou celle d'une de mes amies institutrices. Elles sont jeunes, elles pourraient être mes filles. Elles ont toutes l'air exténuées, énervées. Elles embouteillent la rue avec leurs voitures mal garées, au plus près de l'école : si elles pouvaient se garer devant la classe et prendre leur enfant au vol, comme un hamburger au Macdrive, elles le feraient ! Elles ont les bras chargés de paquets de biscuits, de boissons. C'est que ces nouvelles générations d'enfants sont d'une autre essence que leurs aînés : ils fondent comme du sucre s'ils reçoivent deux gouttes de pluie, s'écroulent s'ils font 100 mètres à pied et se rouleraient sur le trottoir s'il leur fallait attendre le sacro-saint goûter plus de dix minutes.
Ils ne vont pas à l'école le samedi matin car leurs parents ne veulent pas se lever, ratent les jours de rentrée, quittent l'école avant la date afin de faire des économies sur les billets d'avion ou de train.
Ils sont les enfants rois et tyrans de parents que le manque de temps, la solitude, les divorces et la consommation ont rendu esclaves.
Monique, mon amie institutrice en maternelle, me raconte les plaintes de ces nouvelles mamans, chaque matin :
"Monique, Kevin n'a pas voulu son chocolat ce matin...", "Monique, ne faites pas trop travailler Nicolas, il n'a pas voulu éteindre la télévision avant 22 heures...", "Monique, je ne sais pas quoi faire, Adrien ne veut manger que des frites...", "Monique, Eva ne veut pas mettre sa blouse ; dis à Monique pourquoi tu ne veux pas mettre ta blouse, Eva chérie...".
Monique croise les bras et explique gentiment mais fermement :
"C'est vous la maman, c'est vous l'autorité. Votre enfant vous doit le respect et l'obéissance."
Les mamans regardent Monique avec étonnement et inquiétude. Mais de quoi parle-t-elle ? Mais qui est cette institutrice qui ne veut pas éduquer ? Elle n'est pas payée pour cela ?
Les nouvelles mamans ne disent pas cela tout haut, bien sûr, mais Monique lit en elles comme dans un livre. Et ne cède pas. L'Eva chérie mettra sa blouse, et toute seule.