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mardi 29 novembre 2011

Des nouvelles de Choupette... suite

Ami Lecteur, si tu lis ce blog depuis quelques années, tu sais qui est Choupette. Sinon, il va falloir que tu ailles voir  et  et , et et enfin ... (dans l'ordre chronologique).
J'ai eu de ses nouvelles la semaine dernière. Et ma gorge se noue.
Elle est à présent dans un collège tout ce qu'il y a de plus classique dans la grande ville. Plus d'internat donc. Contact constant avec la Moche-mère. J'ai envie d'écrire la Moche-merd*e, tellement elle ne mérite pas le titre de mère, même accompagné d'un adjectif péjoratif.

Vendredi, la psychologue de mon école est venue me voir sur un temps de pause, et m'a dit qu'elle avait été contactée par l'infirmière du nouveau collège de Choupette.
Par elle, elle a appris que le collège précédent n'a finalement pas fait de signalement : leur souci principal étant d'éviter que les parents ne change leur fille d'établissement, qu'elle puisse rester dans ce lieu où elle était un peu protégée, où on l'emmenait régulièrement suivre sa psychothérapie, où elle était en confiance.

Cette année, la Moche-merd*e a réussi à se faire élire déléguée des parents d'élèves de la classe de Choupette. Quand l'établissement a compris à qui ils avaient affaire, ils ont essayé d'annuler les élections en prenant prétexte que cette femme n'avait pas l'autorité parentale. Apprenant cela, le père, toujours aussi co*n (je suis très en colère !), a écrit une lettre de décharge au profit de sa femme !
L'enfer continue donc pour Choupette. A la différence près que l'infirmière a remarqué des traces de coups sur le corps de la jeune-fille. 
Ses résultats scolaires sont en chute libre, elle qui était si brillante...
Elle a 13 ans cette année. Lorsqu'elle est rentrée dans la vie de notre école, elle en avait 9 et ce qu'elle vivait était déjà, vu de l'extérieur, terrifiant !

Bien sûr, nous transmettons à ce nouveau collège tous les éléments que nous possédons. L'établissement qui l'a reçue en 6ème et 5ème va faire un courrier circonstancié pour appuyer le dossier.
Un nouveau signalement va être fait. Il est temps !

jeudi 24 novembre 2011

Lettre ouverte à tous les parents méchants

Par un Neuropsychologue

Un jour, quand mes enfants seront assez vieux, pour comprendre la logique qui motive un parent, je vais leur dire, comme mes parents méchants m'ont dit :

Je t'ai aimé assez pour te demander où tu allais, avec qui, et quand tu serais de retour à la maison...
Je t'ai aimé assez pour être patiente jusqu'à ce que tu découvres que ta nouvelle meilleure amie ou ton grand copain, n'était pas fréquentable....
Je t'ai aimé assez pour me tenir plantée là dans le cadre de porte pendant deux heures tandis que tu nettoyais ta chambre, une affaire de 15 minutes en principe !
Je t'ai aimé assez pour te laisser voir la colère, la déception et les larmes dans mes yeux. Les enfants doivent apprendre que leurs parents ne sont pas parfaits.
Je t'ai aimé assez pour te laisser assumer la responsabilité de tes actions même lorsque les pénalités étaient si dures qu'elles ont presque brisé mon coeur.

Mais surtout,
Je t'ai aimé assez pour dire NON même quand je savais que tu me détesterais pour ça. Telles étaient les batailles les plus difficiles de toutes. Je suis heureuse de les avoir gagnées, parce qu'à la fin, tu y as gagné aussi. Et un jour, quand tes enfants seront assez vieux pour comprendre la logique qui motive des parents «méchants», tu leur diras :

Vos parents étaient ils méchants?
Les miens l'étaient.

J'ai eu les parents les plus méchants du monde entier ! Pendant que d'autres enfants mangeaient des sucreries pour les repas, j'ai dû manger des céréales, des œufs, et des légumes. Quand d'autres ont eu du Coca et des hamburgers pour le dîner, j'ai dû manger de la viande, du fromage, des crudités et des fruits... Sans oublier toutes ces crêpes et gâteaux que ma maman nous a faits... Et vous pouvez deviner que ma mère m'a fait des dîners qui étaient différents de celui des autres enfants.

Mes parents ont insisté pour savoir où j'étais en tout temps. On aurait pu croire que j'étais enfermée dans une prison. Ils devaient savoir qui mes amis étaient et ce que je faisais avec eux… Ils insistaient si je disais que je serais partie pour une heure, pour que ce soit seulement une heure ou moins..
J'avais honte de l'admettre, mais mes parents ont enfreint la loi sur la protection des enfants concernant le travail en me faisant travailler. J'ai dû faire la vaisselle, mon lit (quelle horreur!), apprendre à faire la cuisine, passer l'aspirateur, faire mon lavage, vider les poubelles et toutes sortes d'autres travaux cruels.... Je pense qu'ils se réveillaient la nuit pour imaginer de nouvelles tâches à me faire faire...
Ils ont toujours insisté pour que je dise la vérité, juste la vérité et rien que la vérité. Au moment où je suis devenue adolescente, ils pouvaient lire dans mon esprit et avaient des yeux tout autour de la tête. Puis, la vie est devenue vraiment dure !

Mes parents ne laissaient pas mes amis juste klaxonner quand ils venaient me chercher. Ils devaient venir à la porte pour qu'ils puissent les rencontrer. Pendant que chacun pouvait fréquenter un ou une petit(e) ami(e) quand ils avaient 12 ou 13 ans, j'ai dû attendre d'en avoir 16.
À cause de mes parents, j'ai manqué beaucoup de choses que d'autres enfants ont expérimentées. Je n'ai jamais été prise pour vol à l'étalage, vandalisme, alcoolisme, ni même arrêtée pour tout autre crime. C'était «tout de leur faute».

Maintenant que j'ai quitté la maison, je suis instruite et une adulte honnête. Je fais de mon mieux pour être un parent méchant comme mes parents l'étaient.
Je pense que c'est ce qui ne va pas avec le monde aujourd'hui. Il n'y a pas assez de parents méchants !
Merci donc à toutes les parents qui ont été assez méchants dans notre jeunesse pour nous apprendre à être de méchantes bonnes personnes.

Stéphanie CHARIOT-AUCHERE
Neuropsychologue - Centre Hospitalier
55, rue Docteur Jean Michel
39000 Lons le Saunier

Un texte à passer à tous les parents méchants que vous connaissez (et leurs enfants !)

jeudi 17 novembre 2011

Trop mortel !

Mardi, je faisais une visite de stage dans une école de la Grande Ville.
En CP.
J'ai observé la sympathique étudiante de Master 2 mener sa classe de joyeux bambins dont certains s'en donnaient à coeur joie pour la mener par le bout du nez. Classique : ça ne faisait que deux jours qu'elle avait la classe en main.
S'en est suivi l'incontournable entretien au cours duquel on essaye d'analyser la séance observée, dans l'espoir de faire progresser les conceptions balbutiantes de la demoiselle.
Tout ça se déroule sans surprises et sans heurts. Parfait.
Vient le moment de se séparer : nous regagnons la porte de sortie et je m'apprête à dire au revoir à l'étudiante, lorsque nous sommes croisées par sa classe se rendant à la cantine.
Un 'tit môme se tourne en geignant vers sa maîtresse :
- Maîtreeeeeeeeeeeeeeeeeesse ! Maîtreeeeeeeeeeeeeeeeeeeeesse ! Machin, i'm'dit que jchuis MORTEL ! 
- Ben ouaih ! On est TOUS MORTELS, répond l'autre avec un léger accent de lassitude désabusée...
- Nan ! C'est même pas vrai ! Hein, Maîtressssssssssssssssse, c'est pas vrai qu'on est tous mortels !!!

Ami Lecteur, je suis partie et je l'ai laissée se dépatouiller de cette jolie situation de philosophie précoce...
:o)

mercredi 16 novembre 2011

Dyspraxie et Dysphasie sont sur un bateau...

Grâce au fameux blog du Spykologue, j'ai découvert ces deux petites vidéos.
Je les trouve parfaites, alors je te les partage, Ami Lecteur.
:o)


Dyspraxie from adrien honnons on Vimeo.

Dysphasie from adrien honnons on Vimeo.

dimanche 13 novembre 2011

De l'utilité de la boîte-aux-lettres

Bon, tu te souviens, Ami Lecteur, de mon épisode de rumeur galopante d'avant les vacances ?
Et tu te souviens aussi des protagonistes ? Sam et Bil ?
Je voulais te raconter la suite de l'histoire, pour te redonner foi en l'humanité - une fois n'est pas coutume (une petite pensée pour dinogrec) !

Voilà que durant l'absence de Bil, occupé à se faire recoudre le cuir chevelu, je trouve dans la boîte-aux-lettres de la classe un petit mot émanant de Sam.

Je te le retranscrits : 
J'ai peur que Bil ne pardone pa vrément. que d'aje [dois-je] faire Maîtresse ? 
Sam

Le lendemain, nouveau message de Sam :
Chers Maîtresse j'ai peur que Aga me dit pourquoi tu as fais sa a Bil parce-que elle et amis avec Bil et après sa pose des problèmes. J'ai très peurs je dois pas lui parler ou lignorer ou comme [quand] elle me parle je lui dis les [laisse] moi et ne pas se bagarer vrément je de [dois] faire quelque chose. J'ai très peur vrément j'ai très peur. 
Sam

Et là, tu me connais, Ami Lecteur : mon sang ne fait qu'un demi tour et mon âme de justicière d'école prend son envol.
Le soir, à l'étude, dès que j'en ai l'occasion, je parle à Bil, en aparté :
- Dis-moi, Bil, Sam m'a dit qu'il avait très peur que tu ne lui aies pas pardonné. J'voulais savoir : tu lui as pardonné, à Sam, pour ce qu'il t'a fait ?
- Ouaih...
- Ah. C'est bien. Ça veut dire qu'il est à nouveau le copain qu'il était avant cette histoire ?
- ... (haussement d'épaules et pincement de bouche émue)
- Ah... En fait, il faut que tu te demandes si ça t'ennuie, qu'il ne soit plus le copain d'avant, pour toi. Si ce copain-là te manque... parce que s'il te manque, c'est dommage de rester dans cette situation, tu ne crois pas ?
- ... (haussement d'épaules et pincement de bouche émue)
- Et toi, tu voudrais que j'aille lui parler, à Sam, pour lui dire que tu voudrais que vous soyez à nouveau amis comme avant ?
- Oui, j'veux bien !
- D'accord. Alors demain, quand il arrive à l'école, je lui en parle.

Le lendemain, je suis "d'accueil" sur la cour, dès 8h15.
Les internes se  déversent dehors, ravis d'occuper les lieux avant tout le monde.
Et qui vient immédiatement me voir ?
- Maîtresse ! Maîtresse ! Tu te rappelles ce que tu as dit hier, hein ? Tu parles à Sam ?
- Oui Bil, dès qu'il arrive de chez lui, je lui parle : je te l'ai promis, je le fais !

Et qui saute immédiatement sur Sam dès qu'il franchit la porte de la cour ?
- Maîtresse ! Voilà Sam ! J'te l'amène pour que tu lui parles comme tu m'as dit hier !
- Oui Bil, merci Bil.

Je n'avais pas fini ma phrase qu'il avait déjà rejoint sa partie de foot, non sans me surveiller du coin de l'oeil...

J'ai pris le temps de parler à Sam. De lui dire que j'avais bien lu ses mots et que j'avais parlé avec Bil. Qu'il avait très envie qu'ils soient à nouveau copains, mais qu'il ne savait pas trop comment le lui dire, alors que je m'en chargeais pour lui...
Sam m'a écouté avec beaucoup de sérieux. En même temps, c'est tout léger qu'il a semblé rejoindre son ami, à nouveau libre de jouer avec lui sans peur... sans peur !

Ah ! Il y a des jours où j'aime ce métier immodérément !
Yessssssssssssssss !
:o)

mercredi 9 novembre 2011

2nde hypothèse

Et voici, Ami Lecteur, ce que j'ai imaginé en tout premier lieu... et je crains que ce ne soit l'explication du mystère de mon trousseau disparu.
Il se trouve que, bousculée par le comportement de mon élève Lan, toujours fâchée, toujours en révolte ouverte ou larvée, j'ai fini, cette fameuse semaine, par écrire un mot dans son cahier de correspondance afin d'inviter sa mère à me rencontrer.
Lan a été très en colère de mon initiative et a affirmé au professeur d'Anglais que, de toutes manières, elle allait fuguer, comme son grand frère : elle ne resterait pas dans cette école où on était si méchant avec elle.
A moi, elle ne m'a rien dit. 
C'était le jeudi après-midi. 
Le vendredi matin, les clés disparaissaient.

La semaine suivante, le mot n'était pas signé.
J'ai mis un mot dans le cahier de correspondance de son frère, priant la mère de vérifier les cahiers des deux enfants chaque week-end - je me suis sentie très rusée...!
A la rentrée, le mot de Lan n'était toujours pas signé. La page de son frère avait été proprement arrachée, au grand étonnement de celui-ci.
Ce lundi, le cahier de Lan a disparu...
Demain, je téléphone chez elle : ça sera plus simple !
:o)

lundi 7 novembre 2011

1ère hypothèse

Chose promise, chose due, Ami Lecteur.
Je te confie aujourd'hui une hypothèse expliquant la disparition de mes clés avant les vacances.
A vrai dire, je te confie ici l'idée qui ne m'est venue que tardivement, et qui m'évitait d'affronter l'autre, celle que j'ai formulée en tout premier, d'instinct... et que j'aurais aimé ne pas imaginer.

Bref, sache, Ami Lecteur, que mon responsable de chaises - celui à qui je confie la clé, donc - n'est autre que Sam. Tu te souviens de lui ? Non ? Et bien, va te rafraîchir les idées ici.
Or donc, j'ai pensé que peut-être, et bien que rabibochés, Bil avait voulu lui faire une blague... une mauvaise blague peut-être, mais bon.
Et qu'il avait caché les dites clés en espérant déclencher un ramdam dans l'immédiat : bien sûr, je demanderai tout de suite où était mon trousseau lorsque, au moment de l'appel, je ne l'aurais pas trouvé. Et bien sûr, ça aurait été un joyeux bazar, avec Sam dans l'oeil du cyclone - c'est de bonne guerre... 
Bil aurait pu faire lanterner un peu la chose pour ensuite rapporter triomphalement le trousseau. Ou le laisser bien en vue quelque part.

Malheureusement, mes clés, je les ai totalement oubliées jusqu'au soir. Et j'ai pensé que, si Bil avait fait ce coup pendable, peut-être lui aussi les avait-il oubliées, une fois son forfais accompli.
Or donc, encore une fois, il se trouve que lorsque je me suis affolée en fin de journée, Bil avait déjà quitté l'école.
Et que la semaine suivante, lorsque j'ai exprimé mon désarroi à la classe, à plusieurs reprises et en faisant monter la pression un peu plus chaque jour, et bien... Bil était absent. Toute la semaine.
Si c'était lui qui avait fait le coup, il n'avait pas pu rattraper le truc. Même pas au courant !

Seulement voilà.
Jeudi dernier, jour de rentrée, alors que nous étions seuls dans la classe pour rattraper cette fameuse absence, à l'heure du déjeuner, j'en ai profité pour raconter mon histoire à Bil. Toute l'histoire. En insistant sur le fait que je le voyais bien faire une drôle de blague à son pote Sam. Et que - c'est ballot - il n'avait pu résoudre par la suite, du fait de sa maladie.
En insistant bien sur le fait que je n'étais pas du-tout-du-tout fâchée, mais que j'avais besoin de comprendre. Et de ne pas accuser quelqu'un d'autre à tort.
En insistant bien sur le fait que ce serait tellement plus simple et léger si c'était cette histoire là, la bonne : une blague qui tourne court.

Seulement voilà.
Bil me regardait dérouler le fil de mon récit avec les mêmes yeux écarquillés que ceux qu'il me fait quand je conte Cendrillon de Perrault. Il buvait mes paroles en disant "...et alors ?... et alors ?... et qu'est-ce que t'as fait ensuite, maîtresse ?..."
Impossible d'imaginer une seconde qu'il ait été impliqué dans cette affaire, aussi filou soit-il. Pas avec ses yeux-là.

Dommage. 
Je le lui ai dit : dommage que ça ne soit pas ça, la solution de l'énigme.
Parce que ça veut dire que l'élève qui a fait le coup m'a vue me dépatouiller toute la semaine avec mes problèmes de clés sans ciller. Sans lever le petit doigt. Sans froncer du nez...
Juste avec le plaisir malsain de nourrir sa toute-puissance : je suis plus fort que la maîtresse et je l'em...rde.
A 8 ans, c'est ennuyeux, de raisonner comme ça.

Allez, bientôt, je te raconte la seconde hypothèse, celle qui vient du côté obscur de la force...
Mais que je n'ai pas encore validée : comment le pourrais-je, sans preuves ?

samedi 5 novembre 2011

Les clés du savoir ?

Ami Lecteur, 
Je prends enfin du temps pour te raconter mon aventure d'avant les vacances...
Sache en préambule que chaque matin, lorsque nous nous rangeons devant les toilettes pour attendre que chacun ait eu le temps de se laver les mains, je confie mon trousseau de clés au responsable/chaises qui ouvre la classe et descend les chaises du haut des tables.
Le temps que le reste de la classe arrive, et tout est en ordre pour commencer la journée dans de bonnes conditions.
Je m'installe devant le tableau, assise sur une table annexe (mon bureau est au fond de la classe) et je fais l'appel. En général, les clés m'attendent là, et je les empoche sans plus y penser.
Seulement, vendredi 14 octobre, une semaine avant les vacances, lorsque j'ai voulu prendre mon vélo le soir pour rentrer à la maison... je me suis aperçu que mes clés n'étaient pas dans ma poche ! Et j'ai soudain pris conscience que je ne les avais pas récupérées depuis le début de la journée... et que mon élève responsable était déjà parti, comme la grande majorité de la classe d'ailleurs.
Affolement. Je suis déjà en retard pour amener Grenadine chez le chirurgien dentiste à l'autre bout de la Grande Ville. Pas le temps de chercher plus que ça, ni d'appeler chez le dit élève. Je fonce prendre le bus, laissant mon vélo attaché devant l'école... 
Le lundi, donc, j'emprunte le vélo de Monfiston et dès que j'aperçois Sam, mon élève responsable, je lui demande de retrouver mes clés. Il prend un air ahuri, part farfouiller dans la classe et revient bredouille. Il m'explique alors les avoir laissées sur la serrure de la porte, ce fameux vendredi... 

Les cours commencent et j'annonce à la classe mon problème majeur : sur ce trousseau, on trouve les clés de chez moi, celles de la classe et celle de mon antivol...
J'exprime mon désarroi, mes soucis de transport, la vraie difficulté dans laquelle je me trouve... et comme un fait exprès, le bus qui joint ma maison et l'école est détourné pendant plusieurs mois pour cause de travaux de canalisation. Je sens bien qu'ils sont solidaires, ennuyés. Ils cherchent, proposent des solutions, font des hypothèses. Mais rien de concret.
Je rencontre justement la mère de Sam et lui demande, au cas où, de jeter un oeil dans les affaires de son fils : il les a peut-être embarquées sans faire attention, par distraction, dans la poche d'un manteau... Mais là encore, rien.
Je communique à toute l'équipe, de jour et de nuit, mon souci. Je dessine le porte-clé et m'assure que tous sont au courant, y compris la gentille Louise qui fait le ménage chaque matin.
Rien.
Je ne reviens à l'école que le jeudi, pleine d'espoir : peut-être quelqu'un a-t-il mis la main sur mon trousseau et va me l'apporter ce matin, triomphal. Mais non. Rien...
Je redis à la classe ce qui est devenu ma préoccupation principale. Ces clés disparues sont suspectes : si un petit de maternelle les avait prises pour jouer, quelqu'un les aurait retrouvées et restituées. On les aurait vues quelque part... mais non. Rien. Seraient-elles cachées ? Subtilisées ? 
Je dis alors à mes élèves que mon but unique est de trouver ces clés. Je me fiche de savoir qui les a prises et pourquoi. Je veux juste que ça cesse. Je propose alors de les déposer dans la boite-aux-lettres de la classe, ou dans le carton des objets trouvés, anonymement. Ce serait formidable pour moi...
Rien.
J'ôte la selle de mon vélo, pour réduire les risques de vol, je fais une grande affiche pour le hall de l'école, avec dessin à l'appui et je repars, morfondue, chez moi... C'est mon dernier jour d'école avant les vacances, puisque c'est Mamoitié qui bosse le lendemain. Est-ce qu'il faut que je fasse refaire toutes mes clés ? Que je change la serrure de chez moi avant de partir en province ? Et où ai-je mis le double de mon antivol, que je cherche depuis une semaine ? Faut-il que je trouve une scie à métaux pour dégager mon vélo ? J'en ai marre...
Le lendemain, je me rends compte que j'ai oublié mon agenda sur mon bureau. Or, sans agenda, je meurs. Comment retrouver les dates et heures d'intervention en formation des maîtres qui ont lieu en fin de vacances ? Pas de doute, il faut que j'y retourne.
Et me voilà, à nouveau à l'école, vers 17h vendredi veille des vacances. Personne n'a vu mes clés. Aucun parent ne s'est présenté pour en parler. Rien. Mer...de !
J'en profite pour donner un coup de main ici ou là, tailler une bavette, apercevoir Mamoitié que je ne fais que croiser habituellement. Et au moment de partir, Madirlo me dit son étonnement : ces clés disparues, c'est insensé... on va certainement les retrouver derrière un meuble dans trois mois. L'entendant, je me décide à faire un dernier tour pour chercher, encore.
Arrivée devant ma porte de classe, je regarde par habitude derrière la grosse armoire qui jouxte l'entrée : le trousseau aurait pu tomber là et glisser sur le sol. C'est une armoire qui est toujours fermée : Elle contient une télévision et des lecteurs de DVD et cassettes vidéo. De ce fait, elle n'a pas de fond, afin que la circulation d'air se fasse, sans surchauffe. Mais j'ai déjà regardé quinze fois à cet endroit. Mes yeux remontent le long du dos du meuble et là... j'aperçois, dépassant d'un millimètre de la planche du milieu... une clé !
Ma main tâtonne : pas de doutes ! C'est mon trousseau ! Quel soulagement !
La nouvelle s'est aussitôt répandue et chacun de m'exprimer son soulagement de voir cette situation se résoudre au tout dernier moment.
...
Seulement voilà : les CM1 et les CM2 étaient en voyage au moment des faits. Ils sont hors de cause, donc.
Les CE1 sont tout mignons, je ne les connais pas vraiment, et ils ne viennent jamais de ce côté là de l'école.
Les autres sont trop petits pour avoir eu l'idée de cacher là ces clés. Et puis, pour quoi faire ?
C'est donc nécessairement un élève de CE2. MMmmmmm... je n'aime pas ça. Un de mes élèves qui, me voyant chercher, interroger, galérer... m'aurait laissée m'empatouiller sans remords, nourrissant en secret un sentiment de toute puissance ? Beurk ! C'est pas joli, joli...
Une hypothèse se fait jour dans mon esprit. Puis, tardivement, une autre. Mais c'est tout. En dehors de ces deux possibilités, je ne vois rien d'autre.
Si tu es sage, Ami Lecteur, je te raconterai ce que j'ai imaginé.
:o)

mardi 1 novembre 2011

L'enfant colère

Ami Lecteur, tu as pu te faire une petite idée de ma classe depuis la rentrée : de charmants enfants, amusants, amusés, intéressés, attentifs...
Mais comme tu ne fais pas plus que moi preuve d'angélisme, tu as bien dû te dire que certainement, dans cette classe parfaite, il devait bien y avoir par-ci par-là, une ombre ou deux au tableau... et heureusement ! Sinon, soit ma classe ne serait pas pleine d'enfants de huit ans, soit je te mentirais...


Et donc, certains enfants rencontrent des difficultés d'apprentissage, certains autres sont distraits, certains sont facétieux, certains enfin sont fâchés. Contrairement à l'an passé, fort heureusement, j'ai peu d'enfants en colère. Tu sais, cette colère rentrée, qui chauffe et bourdonne en sourdine et qui ne demande qu'une occasion pour sortir, forte, terrible, incontrôlable. Je la connais bien : j'ai déjà dû, à mainte reprises maîtriser des enfants qui donnaient des pieds et des poings, ayant commis l'erreur de laisser échapper ce mauvais génie pour une broutille, une chiquenaude, un regard de travers.
J'ai beaucoup donné de ce côté-là l'année dernière, avec mes terribles.

Cette année, j'ai seulement une élèves qui porte une vraie colère en elle, et que je n'ai pas encore réussi à déchiffrer ni à amadouer. D'autres couvent un petit feu encore doux mais ne me posent pas de problèmes : ils sont encore tendres et atteignables. Elle, Lan, je ne sais pas...
Elle est nouvelle de cette année et me disait déjà à la fin de la première semaine qu'elle ne voulait pas rester dans cette école et qu'elle allait demander à sa mère de l'en changer.
Elle est venue avec son frère jumeau, tous deux dans la même classe. Le garçon est attentif, joyeux, travailleur. La soeur est sombre, double, crie à l'injustice à chaque fois qu'elle est reprise, s'occupe à colorier, se moque, fomente des rebellions...

Elle m'a déjà mis un mot dans ma "boîte aux lettres" de classe : "Maîtresse, je ne suis pas un bébé sinons je ne serez pas la et je veux que tue arrête de me gronder".
Voilà, c'est dit.
J'ai fini par prendre le temps d'écrire un mot dans son cahier de correspondance pour rencontrer sa mère et essayer de comprendre cette enfant, sa colère et le pourquoi de sa présence en internat. Seulement Lan a promis que, puisque c'était comme ça, elle s'enfuirait de cette école et elle n'a pas montré son cahier à sa mère.
Avant les vacances, j'ai rusé : j'ai écrit un mot dans le cahier de son frère... on verra bien.
Je pense, Ami Lecteur, que tu n'as pas fini d'entendre parler d'elle ici !