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mardi 26 février 2013

Mon ami Ted

Ken Robinson
Ami Lecteur, je viens de découvrir un truc inouï. Ca s'appelle les TED talks. Tu connais sûrement déjà ces courtes conférences données sur des sujets extrêmement variés par les meilleurs spécialistes.
Moi, je viens d'en prendre connaissance, et j'en suis émerveillée !
Voilà vraiment un des bons côtés d'internet : la possibilité de partager les idées, d'avoir accès à des connaissances, à des propositions d'un niveau supérieur... depuis son bureau !

Je finis à l'instant d'écouter l'intervention de Sir Ken Robinson qui nous expose d'une manière désopilante et profonde à la fois la nécessité absolue de créer un système éducatif qui favorise en premier lieu la créativité.
Tu seras d'accord avec moi pour dire qu'au jour d'aujourd'hui, notre système éducatif place l'art en toute fin des priorités, loin derrière les math. et le français...
Et bien, prends 20 petites minutes pour écouter Ken Robinson, tu ne le regrettera pas, que tu sois enseignant, formateur, parent ou simple citoyen !
(choix de la langue / sous-titres dans la marge gauche).

Et pour finir, une petite citation du bonhomme, trouvée ailleurs :
“Human resources are like natural resources; they’re often buried deep. You have to go looking for them, they’re not just lying around on the surface.”

(trad. perso et approximative : les talents humains sont comme les ressources naturelles : elles sont enterrées profond. Il faut aller à leur recherche, elles n'apparaissent pas simplement en surface...")

dimanche 24 février 2013

Meuh...

Ami Lecteur,
Ma fillotte est une poète.
Il fallait que je le clame, que je l'annonce, que tu le saches...
J'en veux pour preuve ce splendide texte écrit il y a deux ou trois ans et retrouvé au hasard d'un rangement de fond :

Pour Maman
Que j'aime tant,
je te fais 10000000 bisous :
"tendrement, lentement, curieusement"
car je t'aime !
je te refais un gros baiser
pour ma dulcinée,
je t'adore mon trésor.
Louloute
je suis ton lait et toi ma vache !

C'est la conclusion que j'ai particulièrement goûtée...
Voilà, voilà.

mardi 19 février 2013

Le poids des mots

Ami Lecteur, si tu es enseignant, écoute attentivement cette courte histoire.
Tu te rappelles avoir entendu parler de la prof de français de Malouloute ?

Celle qui, à l'issue du rendez-vous de rentrée au cours duquel, pendant vingt minutes et avec tout le tact qui me caractérise, j'avais décrit les vraies difficultés de ma fillotte pour l'orthographe, la lecture et la mémorisation, m'avait répondu très gentiment :
"Bon, et bien je ne sais pas vraiment ce que je peux faire, mais dites-lui bien que si elle a plusieurs fois 0 en dictée, surtout, qu'elle ne se décourage pas, hein !".

Celle qui avait fait copier, dès la semaine suivant, une pleine page d'erreurs possibles en dictée, avec le nombre de points enlevés pour chacune, faisant un total de 20 : tu fais une faute de chaque, et tu as 0 !

Celle qui, depuis le début de l'année, n'a fait faire que deux dictées ! (tant mieux, tu me diras... mais alors pourquoi ???).
Deux dictées auxquelles Malouloute a eu 0. A la première, elle est revenue pleine d'espoir :
"Je crois que j'aurai 5/20, Maman" (!).
Elle avait pleuré.
A la seconde, elle était très fière d'elle :
"J'ai bien relu, Maman. Je crois que je vais avoir... 13 !".
Elle n'a pas pleuré. Mais moi, j'ai serré les dents.
Sur la feuille, aucun commentaire.
A l'oral non plus. Pas un mot d'encouragement...

Celle, enfin, qui n'a pas réussi à se libérer pour la réunion du PAI élargi rassemblant, outre ma personne, l'orthophoniste, la professeur principal/responsable de niveau/directrice adjointe (trop forte !), et la prof de math, qui aime trop Malouloute pour rater ça !

Ecoute bien à présent.
L'autre jour, Malouloute est rentrée du collège enthousiaste ! Quand je lui ai demandé comment avait été sa journée, elle m'a dit, pleine de joie et d'excitation qu'elle avait été super ! Sa meilleure journée au collège depuis le début de l'année !
Malgré sa dispute avec ses copines.
Malgré sa note décevante en anglais.
Et tu sais pourquoi ?
Parce qu'en passant dans les rangs, et voyant l'exercice de grammaire entièrement réussi par Malouloute, sa prof de français lui a dit :
"Eh, bien ! Tu as l'air imbattable, toi !"

Et pour être sûre de ne pas oublier cette incroyable phrase, pour la garder longtemps en mémoire comme un morceau de bonbon qu'on sucerait doucement pour qu'il dure, dans son agenda au jour dit, elle avait ajouté en couleur sous ses devoirs :
"Ebin, taler inbatable toi !!!!!!"

Cette simple phrase a suffit à éclairer d'un rayonnement intense sa journée entière, et celles qui ont suivi.
Ami Lecteur, toi qui est enseignant, prend la mesure du pouvoir de tes mots, et abuse des encouragements.
Avec générosité.
Sans retenue.
Tu feras des heureux, et tu penseras des blessures.
C'est si facile !
Merci.

mardi 12 février 2013

A Dieu

Très belle célébration cet après-midi, rassemblant le frère, la mère, le père et la famille d'accueil, sans heurts.
Beaucoup d'enfants, la classe de 6ème de Lili, sans doute.
Des interventions très émouvantes, évidemment.
Pleines de tristesse, de douleur, mais d'espoir aussi.
Un prêtre qui passe la parole à un pasteur pour expliquer la Parole.

Un livret annonçant "la célébration de vie de Lili".

Et un chant que je n'avais pas entendu depuis mon enfance :
Il n'a pas dit que tu coulerais
Il n'a pas dit que tu sombrerais
Il a dit :
Passons sur l'autre rive...

dimanche 10 février 2013

Un peu d'humour dans ce monde de brutes !

dessin J. Malleval-Satene
Ami Lecteur, prenons un temps léger et amusant ensemble, pour soulever le couvercle qui pèse sur moi depuis quelques jours.
Je suis tombée sur une illustration, au détour d'une fiche de lecture destinée au CP et retrouvée ensuite sur le net. Or cette image (en fin d'article), qui m'a fait beaucoup rire, correspond si bien à une histoire inventée un jour pour distraire Malouloute dans son bain, que je ne résiste pas à te la livrer.
Tu seras gentil de ne pas te précipiter avec chez un éditeur : dans mes vieux jour, si je pouvais réaliser un ou deux albums pour enfants, j'en serais vraiment très heureuse...
Voici donc :
 
C’est l’histoire d’un petit mouton dodu, tout rond et très gourmand
Il était toujours à la traine, le dernier du troupeau.

Le berger avait beau lui dire :
Dépêche toi !
Avance !
Ne traine pas
Tu vas te perdre !
...Et le loup va te manger !

Rien à faire, toujours à la traine.
 
 
Le chien avait beau lui dire :
Dépêche toi !
Avance !
Ne traine pas
Tu vas te perdre !
...Et le loup va te manger !

Rien à faire, toujours à la traine.
 

Il faut dire que ce petit mouton dodu ne pouvait résister à sa gourmandise. Dès qu’une belle touffe d’herbe verte se présentait au bord du chemin, croc ! Il la croquait.

Dès qu’une gerbe de trèfle pointait à portée de dents, crac ! Il l’avalait.

Il ne pouvait suivre le rythme. D’autant plus qu’il avait vraiment un gros bidon tout rond et de toutes petites pattes, et qu’il avait beau trotter : il ne rattrapait pas les autres !

 
Et ce qui devait arriver, arriva : un jour, il se perdit. Le troupeau avait tourné une fois à droite, deux fois à gauche puis encore à droite, et le petit mouton dodu l'avait perdu de vue. Il ne s’en était pas rendu compte tout de suite, occupé à croquer de-ci de-là les merveilles qui se présentaient. Mais quand le soir commença à tomber, la première étoile à s’élever dans le ciel et qu’il releva la tête : plus personne. Et là, il eut très peur !

Alors il s’assit, mit sa tête entre ses pattes et réfléchit du mieux qu’il put.
Le problème, se dit-il, c’est que les loups sont féroces, cruels et affamés… et que les moutons sont doux et fragiles…

 
Au bout de quelques minutes, il se redressa, une toute nouvelle idée en tête. Fier de lui, il repartit vaillamment vers le village qui brillait au loin, dans la vallée.

C’est alors, qu’au détour d’un buisson, un loup se planta dans le chemin, face au petit mouton dodu :

Oh-HO ! s’exclama-t-il, l’eau à la bouche ! Qu’est-ce que je vois là ?
Il pianota des doigts sur le sol, un air gourmand sur la figure.
Ne serait-ce pas un pauvre petit mouton dodu perdu ??? Mmmm ???

 
Le petit mouton dodu n’en menait pas large. Il tremblait même de tous ses membres. Mais il prit son courage à deux mains, inspira jusqu’au fond de ses petits poumons et…

 
RRAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHH !

 

Le loup fut HALLUCINÉ par la grandeur de cette bouche, aux dents éclatantes et tranchantes et à la bave verte.
Il disparut sans demander son reste, la queue entre les jambes !

 
Et le petit mouton dodu put renter tranquillement jusqu’au village, la poitrine gonflée d’orgueil. Il toqua à la porte de la bergerie. On lui ouvrit. L’ensemble du troupeau le regarda, traverser la pièce pour aller se coucher au meilleur endroit.

Il poussa un soupir et s’endormit sous le regard éberlué de ses congénères.
©Allezzou

Et voici l'illustration annoncée plus haut. Tu admettras qu'elle convient assez bien...!
:o)

 

mardi 5 février 2013

Once upon a time...

Il était une fois une ravissante petite fille aux yeux d'amande et à la peau mate.
Elle vivait dans notre belle maison d'école, dans laquelle elle apprenait à grandir le jour, et collectionnait les doux rêves la nuit.
Dès son tendre âge, les bonnes fées des l'ASE l'avaient mise là, avec son frère, et ils y passaient la semaine avant de repartir pour le week-end dans une gentille famille d'accueil, trop occupés les autres jours par leur grand fils handicapé pour les avoir à plein temps.

Et les parents de ces enfants, où étaient-ils, me demanderas-tu avec raison ?
La mère, elle est en prison. Elle a été condamnée pour meurtre. Elle n'a pas supporté l'annonce du remariage du père de ses enfants avec sa nouvelle amie, prête à enfanter. Elle s'est rendue chez eux, et a tué sa rivale et l'enfant à naître du même coup.
Elle paye pour ça.
Le prix fort.

Le père, il a été jugé trop dérangé pour s'occuper seul de sa progéniture. Les services sociaux lui ont proposé d'être accompagné. Il a refusé et fait un bras-de-fer avec l'administration, préférant ne pas voir ses enfants plutôt que d'être obligé de les voir selon des règles imposées.
Il passe chaque vendredi à l'internat déposer pour eux un grand carton de livres, biscuits, jouets et autres gâteries. Il prend des nouvelles des petits. Mais il ne peut les approcher, ordre du juge !

Cette enfant, cette beauté se nommait Lili. Elle avait un don : celui de prendre l'amour partout où il voulait bien se donner. C'est comme ça que je l'ai rencontrée : toute petite, quand elle m'apercevait à l'autre bout du hall, elle se jetait dans mes bras pour un câlin furtif entre deux allées-venues.
Une des rares enfants de maternelle que j'étais capable de nommer, moi, la maîtresse des grands CM2. Un lien de cœur nous unissait. Un lien qu'elle avait su tisser avec chaque adulte de Notrécole.

Et puis j'ai changé de niveau en même temps qu'elle : elle est montée, je suis descendue et nous nous sommes retrouvées en CE2. Petite fille studieuse et appliquée, souvent envahie de chagrin quand le vendredi approchait : sa famille d'accueil avait beau être gentille et pleine d'attention, elle ne remplaçait pas une maman trop lointaine (qu'elle a longtemps crue morte) et un papa présent/invisible...
Mais le reste de la semaine, une fillette lumineuse, souriante, avide d'apprendre et de partager. Un vrai plaisir.
Mafillotte, du même âge, ne s'y est d'ailleurs pas trompée quand, un jour de grève, elle est venue dans ma classe : c'est avec elle qu'elle s'est aussitôt liée. Et c'est elle qu'elle a ensuite invitée à partager son anniversaire à la maison. La seule élève, en 20 ans, qui soit venue chez moi.

Après le CE2, la mère est sortie de prison, et ses enfants ont réappris, petit à petit, à la connaître, à la retrouver, à l'aimer... Quelle fierté dans les yeux de la belle Lili, le jour de la fête de l'école, quand elle est venue me la présenter !

Un an plus tard, les deux enfants quittaient notre école : le grand frère partant au collège, les services sociaux avaient tout réorganisé. La famille d'accueil acceptait de prendre les enfants à plein temps. Ils étaient scolarisés tous les deux près du domicile. La mère les voyait un week-end sur deux. La vie prenait un autre cours...
Nous étions triste. J'étais désolée de voir partir Lili. Elle a beaucoup pleuré. Mais elle commençait une nouvelle vie, plus "normale" ; pourquoi ne pas s'en réjouir ?

Nous avons eu quelques nouvelles l'an passé.
Tout allait bien.
Et puis, cet après-midi, l'affreuse nouvelle qui claque comme un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage.
Lili est morte ce matin.
Crise cardiaque au cœur de la nuit, après deux visites inutiles chez le médecin du quartier.
Et je pleure.
Pas trop : il faut consoler Mafillotte : première expérience de la mort, si proche, si incompréhensible, si désespérante.
C'est le moment de se raccrocher à ce qu'on croit si fort.
Tout n'est pas fini. Ca ne fait que commencer...
Lili...

lundi 4 février 2013

Trouveur de cartes !

dessin de èm
Ami Lecteur, tu dois trouver que je ne te parle pas beaucoup de ma classe ces temps-ci... C'est, vois-tu, qu'à chaque fois que je parle d'un élève, que je décris le comportement, les souffrances d'un enfant, j'ai toujours un temps d'hésitation ; parce que, malgré l'anonymat de rigueur dans ces pages, je livre sur la place publique l'intimité d'un petit.
J'aime partager mes impressions avec toi, rire pour desserrer les dents, m'étonner, comprendre. Mais je reste habitée par l'inquiétude de ne pas en faire trop, de ne pas livrer inconsidérément des situations qui devraient être réservées à la sphère professionnelle. Et finalement, n'être plus motivée que par le besoin de nourrir ce blog et satisfaire ses lecteurs... Tu vois ?

Oui, je sais, toi, tu serais plutôt pour être satisfait.
Mais moi, je me surveille.

Laisse-moi néanmoins te parler d'A.
A. est un petit garçon aux yeux et aux cheveux noirs, qui est arrivé cette année dans notre école en CP, comme un bon tiers de cette classe.
A. a été adopté par sa mère, qui pourrait être sa grand'mère. Elle a, par ailleurs, une fille aînée qui a elle-même un petit garçon de l'âge d'A. C'est pour dire...
Un jour, il y a quelques années la mère d'A. s'est dit : tiens ! Et si j'adoptais un garçon ? Et sa fille, jeune mère, a dit : Oui, tiens ! J'aimerais bien avoir un petit frère !
Et hop ! Un petit tour en Afrique du nord d'où elle est originaire, et elle revient avec un petit garçon très calme dont le regard triste a déterminé son choix.

A., depuis qu'il est dans notre classe, trouve que tout est difficile. Il préfère nettement jouer dans la cour à la bagarre, la fausse pour du beurre, ou la vraie qui fait mal.
Il faut dire que nous, A., on ne l'a jamais vu très calme ! En classe, soit il est rencogné dans un coin, le pouce vissé dans la bouche, soit -le plus souvent- il se ballade, s'installe dans des groupes qui ne sont pas le sien, disparait et reparait comme par magie, se glisse sous les tables...

A. a développé depuis quelques temps des stratégies étonnantes pour échapper au travail, quelque en soit la forme ! La plus simple étant de refuser purement et simplement de s'asseoir à sa place !
"Quoi ! J'ai retrouvé les cartes [ndlr "pokemon"] de Raf, et il faut que je travaille en plus,  s'exclame-t-il vendredi, alors que nous revenons de récréation ?!!!"

Là, il faut que je t'explique.
A. ne peut pas DU TOUT résister à la tentation de posséder ce que les autres ont.
Tout y passe : les feutres, les crayons, les gommes, les billes et... les cartes !
Il est très fort : il suffit d'une minute d'inattention pendant le temps de classe pour que, sans l'ombre d'un doute, un enfant vienne te voir en pleurs au moment de mettre son manteau : ses chères cartes toutes neuves ont disparu de sa poche ! Sa trousse de billes est retrouvée vide !

Au début, on a essayé de parler à A. De le raisonner. De lui faire comprendre : on peut désirer quelque chose sans nécessairement se l'accaparer. On peut même demander à l'autre enfant de prêter ses cartes ou ses billes, pour jouer ensemble pendant la récréation.
On s'est fâchées aussi. Un peu. Pour qu'il comprenne qu'il franchissait une limite interdite.
Rien à faire.

Alors maintenant, quand quelque chose disparait, j'appelle A., et je lui dis, invariablement :
"Dis voir, A., toi qui es si fort pour retrouver les choses, tu pourrais retrouver les cartes de Raf : regarde, il est si triste de ne plus les avoir..."
Et invariablement, A. se précipite d'un pas léger et reviens dans la minute apporter fièrement les cartes qu'il a "retrouvées".

D'où la remarque citée plus haut :
- Allez, A. Viens à ta place et  mets-toi au travail.
- Quoi ! J'ai retrouvé les cartes de Raf, et il faut que je travaille en plus ?!!!
- Bah, oui ! A. ! Tu ne seras pas "Trouveur de cartes" plus tard, c'est pas un métier, ça !"

...

:o)

samedi 2 février 2013

Littérature

Waaaaaa ! Ch'us trop fière !
On a eu 15/20 à not' dissert., Monfiston et moi !
Le sujet : Dom Juan est-il un homme libre ?
:o)
Dis, toi aussi, tu bosses gratos pour tes marmots ?