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vendredi 19 septembre 2008

Une école de toutes les couleurs...

Dans notre école, nous avons des familles de toute origine sociale, culturelle, religieuse et géographique... Et c'est ce qui fait sa richesse et la valeur de son projet.

La rencontre, quelquefois inattendue, parfois brutale, de conceptions ou de références très différentes donne souvent lieu à des difficultés de communication. Je me souviens d'une élève interne, affublée d'un doux prénom végétal, d'origine Africaine. Elle était en perpétuelle révolte, faisait les quatre cents coups et ne perdait pas une occasion d'affirmer bien fort sa personnalité, avec moult mots orduriers et regards noirs...

Un jour, à bout, nous convoquons le père, un immense type, impressionnant par sa stature et son port de tête, supérieur... pour le mettre au courant afin qu'il puisse s'entretenir avec sa fille et réaffirmer nos limites communes...

Il a souhaité s'exprimer avant que nous lui exposions l'affaire. Voici ce qu'il nous a dit (mette l'accent tonique sur les mots en gras...) :
"Moi, Madame, j'ai été élevé à la villageoise. Et ma fille, elle est également élevée à la villageoise. Elle doit le respect à son père. Elle n'a rien à dire, elle n'a qu'à obéir, et c'est tout !"

Oui, bon... forcément, après, on a pas eu l'air fines, nous, les bonnes femmes, avec notre discours de "il faudrait que vous lui parliez... elle doit écrire une lettre d'excuse... nous avons rédigé un contrat..." Sa fille a passé tout l'entretient aux côté de son paternel, les yeux baissés. Je ne l'avais jamais vue comme ça. Je crois que c'est elle qui a dit, à une autre occasion, à une de ses copines : "Ici, on peut tout faire : les adultes, ils parlent, ils parlent, mais tu risques rien ! C'est pas comme à la maison" [NDLR : à l'école, on ne me frappe pas si je fais une conn****].

Et cette autre mère, en rendez-vous, nous assurant qu'elle allait renvoyer son fils en Afrique et que ça lui apprendrait les règles... Et quand nous avons parlé de sa souffrance, de son mal de vivre, elle nous a répondu du tac au tac (même accent !) :

"Ca, Madame, c'est des habitudes de Petit Blanc : je connais les enfants ici, ils se plaignent tout le temps ! S'il se plaint, c'est parce qu'il a pris des habitudes de Petit Blanc !". Bon, bah, si vous l'dites, hein ?

Et le fils de me lancer le lendemain, en pleine crise : "De toutes façons, j'la connais ma mère, elle dit tout l'temps qu'elle va me renvoyer en Afrique, mais elle le f'ra jamais, pask'elle m'aime !"...

On comprend qu'ils aient du mal à se construire des repères... ! Je rêve d'être secondée par un ethno-psychologue...

Voilà, voilà !!! Et ben, à bientôt, hein ! La vie est belle !

PS : Je tiens à te rassurer, sympathique lecteur : toutes les familles de l'école originaires d'Afrique ne sont pas sur ce modèle... et nous avons aussi des problèmes de communication avec des familles "roses". Evidemment... Et aussi des familles avec lesquelles nous communiquons très bien. Forcément, hein. Faudrait pas interpréter de travers ! Des fois !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pas facile de gérer ce genre de situation... On comprend mieux le comportement des enfants, après avoir vu leurs parents...

Anonyme a dit…

Voir les parents c'est toujours très révélateur.