Ami Lecteur,
Chose promise, chose due : je t'ai embarqué dans mes aventures, je te dois donc la suite.
Vendredi, à 18h00, on a donc eu cette fameuse réunion réunissant les mêmes interlocuteurs que le mardi précédent, mais cette fois-ci en face des parents d'élèves, actuels ou anciens.
Le président de l'APEL (association de parents d'élèves) a introduit la rencontre rapidement.
Puis il a donné la parole à la Sœur Prieure, la soeur en chef pour toute la France, si tu suis bien, Ami Lecteur.
Elle a réexpliqué ce qu'elle avait exposé aux équipes mardi :
La communauté vieillissante,
Des sœurs qui ont travaillé leur vie durant sans toucher un copec (et donc pas de retraite, pas de sécu...),
L'obligation morale pour la congrégation d'assurer leurs vieux jours et de leur permettre de finir leur vie dignement dans leur maison (à un échelon national).
La nécessaire mise aux normes et médicalisation de ces lieux et le financement à trouver,
Le peu de biens fonciers qu'elles possèdent et la valorisation supérieure qu'on peut en attendre dans la Grande Ville... (6000€ le m2... 1600m2... Hum ! Gloups !).
Bref, l'obligation, douloureuse, déchirante, qu'elles ont de vendre les bâtiments de l'internat/école...
Dans un premier temps, l'internat, à l'été 2015 (!).
Dans un second temps, l'école, à l'été 2016...
Le président de l'APEL a ensuite donné le micro aux parents désireux de témoigner et/ou de poser des questions.
Une dizaine de personnes ont pris la parole.
Des parents d'internes,
Des parents d'externes,
Des parents d'enfants sans problèmes,
Des parents d'enfants handicapés,
Des parents d'enfants en échec scolaire,
Des parents d'anciens élèves, parlant de leur parcours, de leur vie d'aujourd'hui, de la graine de tolérance qui a germé en eux depuis leur passage ici...
Tu imagines bien, Ami Lecteur, l'émotion dense qui présidait à tous ces témoignages, hauts en couleurs, riches, étonnants, une variété de témoignages à l'image des familles qui peuplent ce lieu.
Leur demande : un an de répit supplémentaire pour l'internat, afin que tous puissent se mobiliser et chercher des solutions pour sauver ce projet unique dans la Grande Ville.
La Sœur ne promet rien : elle doit en référer à sa communauté. Elle doit aussi voir avec l'acheteur s'il peut attendre un an : le perdre serait une catastrophe pour la congrégation... elles sont dans l'urgence !
A ce stade, il ne reste plus qu'au responsable de la Direction Diocésaine (qui dirige les établissements privés catholiques) à prendre la parole.
Il doit expliquer que, bien que n'ayant pas trouvé de solution pour l'internat, il a d'ores et déjà sauvé l'école, qui doit déménager en juin 2016 dans les locaux d'un autre établissement du coin : fusion !
Sauf que ça, c'est précisément le problème : l'école sans l'internat, c'est une bête école de quartier. Plus accueillante, peut-être. Pratiquant le travail personnalisé, sans doute. Mais le projet initial, celui qui fait que cet endroit est unique, l'accueil de la différence, la mixité sociale : exit !
Du coup, avant même que Monsieur DDEC n'ouvre la bouche, pour marquer le pas et pour signifier fortement son écœurement devant le manque de communication et de coopération de la DDEC (Dir. Dioc.), notre président d'APEL a quitté la salle, suivi par la moitié des parents !!!
Nous, enseignantes, n'avions pas été mises au courant de ce coup d'éclat programmé et, je dois dire, avons été passablement déstabilisées par ce geste : comment réclamer le dialogue et la collaboration et, dans la foulée, rompre le contact ?
Nous avons, du coup, rattrapé bon nombre de parents au vol, et la réunion s'est terminée relativement paisiblement.
...
...
N'empêche, c'est le responsable de la DDEC qui a, le premier, repris contact avec le président de l'APEL ! Pfff...
De temps à autre, il faut savoir taper du poing sur la table...
Aujourd'hui, nous attendons une réponse des sœurs sur notre demande de moratoire. Elles doivent se prononcer avant janvier, date à laquelle commencent les inscriptions pour l'année prochaine.
D'ici-là, chacun travaille déjà d'arrache pied à trouver des solutions tous azimut.
Je te tiens au courant, Ami Lecteur !
:o)
6 commentaires:
Chère Mistinguette,
Si les personnes qui gèrent ton école ne peuvent pas garder l'établissement, il ne reste plus qu'à te laisser assimiler par une plus grande structure, quitte à faire des concessions pour garder l'essentiel: l'enseignement et l'éducation des enfants.
Je suppose que les sœurs, elles-aussi, feront des concessions sur le confort de leur vieillesse...
Exemples de sacrifices: déménager dans une autre commune, réduire le personnel administratif, proposer aux parents de s'occuper, chacun son tour, de la garde des enfants, ne plus acheter de nouveaux livres, mais utiliser les anciens quand c'est possible...
Il est connu que Dieu n'abandonne jamais ses agneaux. Le sujet a été abordé par la Bible (psaumes XXII), mais aussi:"Quand on n'a plus de ressources propres, tout ce qui reste est la foi en un Dieu en qui on ne croit pas." (Le Tribunal des âmes (2012), Donato Carrisi)
Amitiés
Merci de nous tenir au courant.
Puisque je ne peux faire autre chose, je t'offre un « hug » virtuel. Bisous
Le "il" qui a quitté la salle, c'est le président de l'APEL, c'est ça ?
Quoi qu'il en soit, c'est compliqué votre situation, et je vous souhaite de tout mon cœur de trouver une solution acceptable pour tout le monde !
> Armand
Cher Armand, pour les économies sur le matériel, c'est rapé : on est déjà dans une logique de stricte économie depuis de longues années. Nous travaillons avec les manuels (quand on en a) jusqu'à ce qu'ils tombent en morceaux, et notre matériel pédagogique est plus souvent fait avec des matériaux de récupération qu'acheté sur catalogue...
Pour ce qui est de déménager, on y pense, mais notre projet est unique précisément parce qu'il est dans la Grande Ville, dans un quartier "privilégié" : c'est ce qui permet la mixité sociale !
Quant à accueillir les enfants interne dans des familles d'externes, nous n'en avons tout simplement pas le droit : on ne peut pas s'improviser famille d'accueil, surtout pour des enfants fragiles, suivis par l'Aide Sociale à l'Enfance...
Et, tu as raison : ce qui nous reste, c'est la foi... en un Dieu en qui on croit, et en notre capacité à trouver des solutions !
Merci Ami.
:o)
> Stef
Merci pour le hug virtuel : je prends !
:o)
> Bidulette
Oui, "il" c'est le pst d'APEL : je vais préciser dans mon texte si ça n'est pas clair...
Merci de ton soutien !
:o)
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