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vendredi 26 mars 2010

Lourd...

Dans notre classe de CE2, cette année, nous avons pas mal d'enfants ayant de très grosses difficultés scolaires (nous, parce que je suis à mi-temps... rappelle-toi, Ami lecteur !).
Sur 20, je peux en compter neuf.
Sur ces neuf là, la plupart a déjà redoublé.
Sur ces neuf là, cinq sont "porteurs de handicap".
Il y a Ben, attendu pour la Toussaint et qui est finalement arrivé d'Afrique le mois dernier pour se faire opérer par une assoc. de chirurgiens sans frontières. Il a 13 ans, a un niveau de CP et se déplace en fauteuil, jusqu'à ce que la médecine française lui rende l'usage de ses jambes et de son bras droit... il est en France pour une durée de trois ans avec une grosse rééducation médicale en perspective.
Il y a Riri, dont les problèmes sont encore mal définis, mais qui n'a aucune orthographe (segmentation des mots inconnue, ponctuation inconnue, sons approximatifs à l'oral comme à l'écrit)... et qui "choure" tout ce qui lui fait envie, y compris dans le tiroir des maîtresses (mes caramels !!!).
Il y a Lolo, née hydrocéphale, qui s'accroche tant qu'elle peut et qui progresse ! C'est un vrai plaisir... Si ses parents pouvaient l'aider un peu, ce serait si merveilleux. Mais ils ne peuvent pas. Et puis, son frère et sa soeur sont tellement plus handicapés qu'elle :o(
Il y a Pit, qui a des troubles du comportement à traits autistiques et qui fait de moins en moins de crises de nerfs... sauf quand Juju vient le pinailler, histoire de voir s'il va, une fois de plus, jouer la grande scène du deux.
Et enfin, il y a Clam, une petite fille inscrite chez nous l'an passé en CE1. Elle est épileptique depuis sa naissance, stabilisée par des traitements médicamenteux depuis ses quatre ans, a un gros retard d'apprentissage et présente des troubles de la personnalité.
Quand Clam est arrivée chez nous, elle avait déjà redoublé une classe et ses parents cherchaient par tous les moyens à échapper à la CLIS et à préserver un enseignement ordinaire pour leur petite fille, seule garantie d'intégration sociale et de progrès scolaire, d'après eux.

Madirlo a accepté l'inscription en urgence, pour venir en aide à ces parents perdus, en crise avec le milieu scolaire. Elle a rédigé comme il se doit un projet d'accueil personnalisé et a rencontré, avec toute l'équipe entourant l'enfant (SESSAD : psy, orthophoniste, pédopsy, psychomotricienne + enseignante référente de l'Education Nationale, enseignante ASH de l'école, enseignantes de la classe...), les parents. Ceci afin que tous soient au clair sur les meilleures solutions à apporter à Clam pour qu'elle se développe au mieux et continue de progresser. Partenaires de sa réussite.

Dès le mois de juin de l'an passé, après plusieurs rendez-vous de synthèse, Madirlo a expliqué aux parents, en accord et en présence de l'équipe de suivi au complet, que la classe ordinaire était très nettement une mauvaise solution pour Clam : la moindre sollicitation la tire de la tâche entreprise. Elle furète sans arrêt, est continuellement à l'affut d'un regard, d'un geste qui pourrait la faire rire, provoque les autres enfants sans cesse... et n'a pas la possibilité de suivre les apprentissages de CE2 (elle a un niveau de CP, début de CE1 pour certaines notions). Son AVS, présente chaque jour dans la classe, n'arrive pas toujours à la mettre au travail. Clam s'oppose, refuse, préfère jouer. L'enseignante spécialisée a décidé de faire une pause et de ne plus la prendre dans les petits groupes dont elle a la charge : Clam perturbe trop les autres et personne n'est gagnant !
Dans le même temps, les parents se fâchent avec le SESSAD : le suivi psy, tellement indispensable, et la psychomotricité cessent. Seule l'orthophonie perdure...

Madirlo, en juin 09 donc, propose aux parents un temps de répit : que Clam passe encore un an parmi nous, en CE2, afin qu'ils puissent, avec nous, bâtir un projet d'avenir qui permette à Clam de progresser à sa mesure, dans de meilleures conditions. En CLIS, donc. Nous y revoilà.
Seulement, en février de cette année, et malgré deux réunions de synthèse rappelant la nécessité de trouver une structure mieux adaptée pour Clam, malgré l'évocation de plusieurs établissements de qualité pouvant la recevoir, les parents de Clam rendent le formulaire de réinscription dûment rempli.
...
C'est malheureusement un classique du genre. Un de ceux qui obligent l'équipe pédagogique à réfléchir : qu'a-t-on, ou que n'a-t-on pas fait, pour que ces parents n'aient à ce point pas entendu nos explications de professionnels ? N'aient pas compris les nombreux arguments en faveur du mieux-être de leur enfant ?
...
La suite se passe mal. On est en plein dedans. Avec tout le poids de malsaine culpabilité que traîne inévitablement avec lui le handicape...
Je te raconterai un peu plus tard à quelle étape nous en sommes, Ami lecteur.
(gros soupir)
Allez, 'ne nuit.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne connais pas ces gens, mais je me dis que l'impérieux besoin que son enfant soit comme tous les autres doit sans doute ôter tout bon sens ... et les explications profesionnelles d'une équipe bienveillante n'y peuvent rien !

Anonyme a dit…

Paricia a raison bien sûr... comment admettre que son enfant chéri a un "problème"?????
ces parents ont-ils visité la CLIS? ont-il discuté avec l'instit de cette CLIS? Etant ancienne instite de Clis, j'ai connu ce cas, des parents qui refusaient ce "placement" ont finalement accepté après visite en présence des élèves et discussion avec moi.
bon courage, bon we

Mistinguette a dit…

Merci Mamyvette et Patricia.
Bien évidemment, l'idéal serait que les parents fassent les démarches évoquées : discuter avec l'enseignante clis, faire un "stage de découverte" dans la classe... Mais ils sont pour le moment dans un tel déni, qu'ils n'ont tenté aucune approche. En fait, je pense qu'en ne faisant rien, ils espèrent obliger Madirlo à reprendre Clam l'an prochain... :o(