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lundi 24 novembre 2014

Ce qu'ont dit les enseignants à la soeur Prieure mardi 18 novembre

 le 18 novembre 2014

Ma Sœur,

Je prends la parole aujourd’hui au nom de toutes les personnes qui vivent ici, qui  travaillent ici, élèves, Personnel OGEC, parents, enseignants, professionnels mais aussi bénévoles. A travers vous, je m’adresse à toutes les sœurs de votre congrégation : je veux vous dire merci.

L’institution StC est votre enfant. Un enfant qui a grandi depuis l’ouverture d’un internat en 1865 destiné à éduquer des orphelins, grâce à vous, à votre volonté patiente, constante et généreuse.

 Un enfant attendu.

Cet enfant, comme tous les enfants est un projet de vie. Celui-ci, aussi ambitieux que généreux,  qui consiste à apprendre à des élèves de milieux, d’expériences de vie, d’origines, de croyances si différentes, à vivre ensemble et à s’enrichir de ces différences. Associer des enfants en très grandes détresses à des enfants de familles stables, parvenir à leur faire partager un goût de l’avenir et de réussir, humainement, socialement, fraternellement.

 Un enfant désiré pour lequel vous avez imaginé un avenir, des locaux, internat  et externat, aménagé un espace avec goût et sens pratique. Vous lui avez donné une famille que vous avez élargie en y associant des laïcs partageant ce projet spirituel d’éducation. Dès 1989, vous l’avez fait avec efficacité afin que cet enfant ne manque de rien le jour où, vos forces diminuées, ce serait d’autres chrétiens qui auraient à le porter au quotidien.

 Cet enfant si fragile, vous l’avez fait naître, vous l’avez fait grandir dans les meilleures conditions : au milieu d’un jardin fleuri, au cœur de ce quartier parisien, en prenant soin que l’incapacité des familles à supporter matériellement l’éducation ne soit pas motif d’exclusion. Vous avez inventé un internat afin de protéger le grain qui lève.

 Les esprits chagrins vous prophétisaient, année après année la chute, la fin de votre vision qui pour eux était folie. Imaginez un peu, un internat sans équivalent dans tout Paris : si cela était réaliste, d’autres,  plus professionnels que des sœurs dominicaines, l’auraient réalisé. Aujourd’hui, après nombre de difficultés surmontées, cette folie est une réussite. « Où est le sage ? Où est le docteur ? Où est le disputeur de ce siècle ? Dieu  n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? »  Avec  l’Internat de StC ensemble nous avons donné raison à Saint Paul.

 Nous : vous sœurs dominicaines, nous laïcs. Et vous nous avez montré toutes les qualités et la beauté de cet enfant si fragile. Et nous avons été enthousiasmés par ce que vous nous proposiez là. Et honorés de votre confiance.

Nous avons adhéré à ce beau projet : Quel défi pour notre société actuelle faite de communautarisme et d’égoïsmes consuméristes !

Un jour, vous nous l’avez confié, et nous avons accepté cette mission sur vos pas comme un chemin de sainteté. Insensés que nous étions pour nous lancer, à votre appel, dans ce projet d’amour de son prochain. Et, tous ensemble, enfants, parents, enseignants, accompagnants,  nous avons, comme vous, réussi. « On reproche à nos saints d’avoir été des insensés : oh, oui ! Ils avaient perdu le sens ! Est-ce qu’on peut aimer sans être fou ? » disait Lacordaire. Et ensemble nous avons donné raison à Lacordaire.

 Soutenus par votre prière, nous, laïcs, avons fait de l’institution StC un lieu d’accueil, humble mais efficace, où de nombreuses familles trouvent un refuge, où elles peuvent confier leur enfant avec la certitude qu’il sera encadré, instruit, enseigné, éduqué… aimé !

Un lieu où l’élève est aussi un enfant, qu’on met en confiance, à qui on donne le goût du travail, de la coopération, de l’entraide.

Un lieu où on peut être riche ou pauvre, de toute couleur, performant ou en difficulté, tous porteurs de compétences à partager !

Un lieu qui est au cœur d’un vaste réseau d’aide : les CMPP de plusieurs quartiers, le service pédopsychiatrique de Necker, l’Aide Sociale à l’Enfance de plusieurs départements, le Tribunal pour enfants, de nombreuses orthophonistes et psychologues privés, le service des bourses de Paris, en partenariat avec l’école St JD pour l’inclusion d’élève handicapés.

Un lieu qu’on montre à la télévision (au 20h00 de la 2, dans un vaste documentaire de TEVA), dans les journaux (Paris Notre Dame, Famille Education, La Croix, Parents magazine, Enseignement Catholique Actualités… ).

Un lieu que connaît bien Anne Hidalgo, Maire de Paris, élue de notre quartier et qu’elle doit visiter prochainement.

Un lieu qui montre que l’Evangile peut être vécu dans la vraie vie d’aujourd’hui, et qui en témoigne chaque jour.

C’est ce lieu que vous avez mis au monde. C’est vous qui l’avez imaginé et qui nous avez permis de le faire grandir. Et pour ça, nous vous en remercions.

A présent, vous venez nous annoncer la naissance d’un nouveau projet, d’un nouveau-né… et nous nous réjouissons ! La famille s’agrandit, quelle joie !
Vous nous dites que cet enfant va être magnifique. Soyez certaines que nous sommes à vos côtés.

Mais, une rumeur malveillante court, abominable, elle nous effraie, nous assassine.
Pour l’arrivée de ce nouvel enfant, il faudrait noyer l’aîné ? L’amputer d’un organe vital, son internat… ce qui revient au même pour tous ceux qui connaissent l’institution StC !  Donner raison aux malintentionnés qui dénigrent l’enseignement catholique.
Pourquoi ?

Pourquoi tuer le premier né pour installer le second ?
La vie appelle la vie elle ne la révoque pas.
La communauté tout entière de StC veut continuer à porter cette vie-là. Se battre pour vous aider à trouver des solutions si vous en avez besoin. 

S’il-vous-plait, Sœur X, laissez-le vivre ! Permettez-nous de continuer à aimer cet enfant de l’amour. Il est si beau, si plein de vie et d’énergie ! N’ayons pas peur ! Laissons-nous le temps de construire l’avenir ensemble !
Merci.
 
Mistinguette, enseignante en CP,
Pour l’institution StC

PS, Ami Lecteur :
Ce texte a été accueilli mardi dernier avec grande émotion par tous, enseignants, surveillants/animateurs, Sœurs et DDEC.
Quelques précisions :
Le nouveau projet qui est évoqué en fin de texte n'est finalement que la nécessaire restauration de la maison des Sœurs, au fond du jardin : elles vont en faire des appartements inter-âges, dans lesquels pourront loger une sœur âgée, un jeune travailleur, une famille monoparentale... C'est intelligent.
L'organisation et les frais de gestion sont pris en charge par une association de laïcs. Il ne s'agit donc pas de lâcher le projet internat pour en bâtir un autre... ce qui est en soit rassurant : notre travail est reconnu et c'est avec déchirement que la Communauté, contraintes par le grand âge d'une majorité d'entre elles et la recherche effrénée de fonds qui leur permettrait de finir leur vie décemment, se résignent à vendre...
Prochain épisode : le récit de la réunion parents/congrégation/DDEC qui a eu lieu vendredi dernier.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

On attend la suite avec impatience ... Bisous :-D

Armand a dit…

Chère Mistinguette,
J'aimerais ajouter à ce discours idyllique qu'il n'est pas nécessaire de suivre les évangiles pour comprendre qu'il faut éviter les injustices: avoir une conscience suffit et cela ne nécessite pas de croire en Jésus…
Mais je comprends qu'il est plus facile de ne pas faire le mal si on craint l'au-delà ou de faire le bien (mais "faire le bien" est une notion très subjective!) pour bénéficier de la félicité éternelle. Le fameux pari de Pascal peut être adapté à toutes les religions et même à l'athéisme.
Je terminerai par une citation pessimiste qui te plaira, j'espère: "On réfléchit bien plus longtemps pour faire le bien que pour s'abandonner au mal." (Louis Joseph Mabire)
Ainsi, après réflexion, les sœurs ont compris que l'on peut être utile aux autres sans dénuder Pierre pour habiller Paul! Un peu comme l'amour maternel qui ne se réduit pas pour un enfant à la venue d'un autre…
Amitiés
P.S. Tu as de beaux yeux, tu sais!

Mistinguette a dit…

> Stef
Oui, oui, ça vient !
:o)

> Armand
Ah bah naaaannnnn Armand ! Ta femme t'a pas expliqué ça ??? Ça m'étonne d'elle ! On ne fait pas le bien par peur de l'au-delà ! Ni même pour gagner son paradis : c'est trop loin, trop incertain, qui tiendrait le rythme ? On fait le bien, parce que CA FAIT DU BIEN ! Et à soi-même en premier lieu ! C'est aussi bête que ça ! Tu sais : c'est en donnant qu'on reçoit... c'est ça ! Essaye, tu verras ! En effet, pas besoin de croire en Jésus pour ça : il suffit que lui croie en toi ! Hahaha !
Allez,
Toi aussi, tu as de beaux yeux !
:o)

Loulou a dit…

Quel beau plaidoyer pour ton école, Mistinguette ! Bravo !
Alors ? La suiiiiite ...

Tili a dit…

J'attends la suite aussi :-)

Mimi-Je Rêve a dit…

Bises... pensées et prières pour accompagner vos démarches.
(Quelle magnifique lettre !)

Mistinguette a dit…

> Loulou
Ca vient, ça vient !
:o)

> Tili
Contente de te voir passer par ici !
:o)

> Mimi
Merci Amie...
:o)