Chose promise, chose due :
Voici le long courrier envoyé par le père qui m'avait prise à partie devant ma classe, non sans avoir au préalable sermonné les enfants qu'il avait pu attraper sur le trottoir devant l'école. Accroche-toi, ami lecteur, c'est un peu confus... et clique sur l'image pour l'agrandir.
Presque vingt ans après, j'hésite entre la tendre compréhension (ce père, si attentif à son enfant !), l'estomacation apoplexique (quelle confusion mentale ! Les boings et Philippe Le Bel dans la même démonstration, il fallait oser !) et la franche rigolade : quel cirque quand même !!!
7 commentaires:
C'est plutôt triste de voir qu'il n'a rien compris à ta lettre !
Mais j'espère surtout qu'il expliquait la vie de façon un peu plus simple à son fils, que dans ses courriers à la maitresse !!!!
et ben dis donc, t'as bien fait de la garder, celle-là!
Moi je comprends le parent. C'est vrai que sa lettre est confuse et son orthographe douteuse, mais l'idée de départ me paraît justifiée: les gamins de l'école sont encore pour la plupart assez innocents. Déjà les questions de sexualité et autres sont à aborder prudemment, mais quand on en vient à parler d'avortement clandestin, ... beurk. (Sans compter que si par hasard une élève se retrouvait enceinte quelques années plus tard, je ne voudrais pas qu'elle ait l'idée de l'aiguille à tricoter!)
Nos élèves en classe devraient bénéficier d'un endroit où on les préserve un peu des horreurs et des misères de la vie adulte. Il y en a bien assez qui vivent des situations difficiles une fois chez eux. Pour moi la classe et l'école doivent leur préserver un peu de calme et de répit. Et quant à ceux qui ont la chance de vivre une enfance bien tranquille, à nous de la protéger un peu. J'ai eu des élèves de cycle 3 qui croyaient encore au père Noël, et par mégarde je leur ai révélé la vérité sans réfléchir, comme une évidence. C'est un cas extrême mais certains sont encore dans l'innocence totale à cet âge. Je ne me vois pas aller leur parler d'avortement à l'aiguille à tricoter.
Je n'ai rien contre le fait de dire la vérité aux enfants, quand ils posent des questions (sur le sexe l'argent la mort ou autre), mais le journal de la classe ou de l'école ce n'est vraiment pas le sujet.
Et si un élève venait me parler d'avortement, je lui répondrais à lui ou à elle, sans nécessairement en faire part à ses parents. L'argument de ta lettre "de toute façon on en aurait parlé en classe alors autant que les parents le sachent", je ne sais pas s'il se défend. Certains enfants ont besoin d'avoir une relation de confiance avec leur instit sans que les parents sachent tout.
Bon, je suis en train d'écrire un roman, désolée.
Je voulais juste dire : je comprends que ce parents soit choqué, et ça m'embête de voir sa réaction tournée en ridicule.
Chère Titane,
Je souhaite faire quelques précisions à propos de cette aventure :
1/ J'ai au préalable demandé à mes élèves de modifier leur article, qui me semblait choquant...
2/ J'ai FAIT UNE ERREUR de débutante (c'était mes premières années d'enseignement !) : je n'ai pas vérifié qu'ils l'avaient fait. Si j'avais fait mon boulot correctement, je n'aurais pas laissé passer cet article !
3/ Je ne reprocherais JAMAIS à un parent de se préoccuper de ce qui se passe à l'école et de la façon dont on éduque son enfant. En revanche, il y a manière et manière : engueuler les élèves devant l'école, faire un scandale devant la classe, ça n'est pas acceptable ! On peut toujours discuter, mais on le fait entre personnes civilisées !
4/ A aucun moment je n'ai abordé en cours le sujet de l'avortement, légal ou non. J'ai dû, à la suite de cette histoire, en toucher un mot mais en restant autant que possible en surface du sujet et en choisissant mes mots avec soin...
5/ Je ne crois pas avoir ridiculisé cette réaction : j'ai même précisé à la fin de mon article que j'étais partagée entre compréhension et hallucination... Parce que si, sur le fond, on peut partager l'avis de ce père, sur la forme, c'est -de fait- assez hallucinant.
Bon.
Voilà.
Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, je ne m'y prendrais pas du tout de cette façon là... D'ailleurs, ce genre de mésaventure ne m'est plus jamais arrivée par la suite.
D'autres. Mais pas celle-là !
Merci pour ton implication et le temps que tu as pris pour t'exprimer ici. Au plaisir de te lire à nouveau.
Oui, oui, Mistinguette, je sais que tu avais vu l'article et que tu avais demandé aux élèves de le retirer. Je ne te reproche rien. On fait tous plein d'erreurs, débutantes ou pas!
Je voulais juste dire que même si la lettre du papa semble un peu ridicule, ça me gênerait de mettre un commentaire du style "hahaha quelle lettre pittoresque, décidément ils sont fous ces parents".
Mais je ne voulais pas sous-entendre que c'est dans cet esprit que tu l'avais publiée.
J'apprécie toujours beaucoup tes articles, et j'attends avec impatience l'épopée 3b.
Ne t'en fais pas, Titane, j'ai bien compris ton intention et je la comprends.
Hè !
Pst !
N'empêche...
Entre nous : hahaha quelle lettre pittoresque, décidément ils sont fous ces parents ! ;oD
Ouais, c'est le papa qui s'est demandé ce que son enfant apprenait à l'école lorsqu'il en a vu le petit journal.
Y a quand même quelque chose de touchant au fond, même si retrouver Philippe Le Bel et le Boeing de la TWA côte à côte dans une démonstration sur la liberté de la presse parait un poil déconcertant et fait preuve d'une certaine confusion mentale, je me suis imaginé le papa "protecteur", qui a finalement été pris d'angoisse.
Peut être l'angoisse de confier son gosse à une inconnue qui lui fera in fine une partie de son éducation. L'angoisse de voir révéler à son gamin des choses dont il aurait souhaité le préserver.
En même temps, il ne tarit pas d'éloges l'instit de son gosse, à combien de reprise a t il félicité ton travail ?
C'est vrai que remis dans le contexte, il y a un certain décalage entre ce que tu avais voulu faire et ce qui s'est passé, et que la lettre du papa parait décalée aussi, mais comme je l'écrivais plus haut, il y a quand même quelque chose de touchant derrière tout ça.
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