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vendredi 4 décembre 2009

Epopée - 2


Quand j'ai eu fini de déjeuner, ami Lecteur, je suis allée récupérer ma classe de CM2 dans la cour et là... un père de famille ayant pénétré dans l'école au culot, m'est tombée dessus à bras raccourcis (enfin, au sens figuré, j'entends !), me demandant de quel droit je donnais des cours sur l'avortement en primaire (!), comment je pouvais aborder de tels sujets avec des enfants si jeunes, et patali, et patala, tout ça devant mes élèves, inquiets et médusés par tant de véhémence. J'ai proprement envoyé le Monsieur s'entretenir avec Madirlo de l'époque, l'assurant que nous pouvions échanger sur mes méthodes d'enseignement quand il le souhaiterait, mais pas devant les enfants !

Il est parti furieux et j'ai fait monter ma classe...
Une fois la porte fermée, les enfants se sont répandus en imprécations : de quel droit les parents critiquaient-ils leur journal ? Pourquoi ils ne seraient pas libres d'y aborder les sujets qu'ils souhaitaient ? Et puis d'abord, ils n'étaient plus des petits à qui on évite de parler de la vraie vie ! Et patali, et patala, le tout avec presque autant de virulence que le Monsieur précédemment cité. Le fils de ce dernier n'étant d'ailleurs pas le dernier à intervenir !

Là, j'ai commencé par calmer la foule en délire, puis je lui ai distribué des textes sur l'histoire de la presse, la liberté de la presse, la fabrication d'un journal... textes préparés pour être étudiés dans les jours qui venaient - et je leur ai demandé de lire et d'exploiter ces documents pendant que je pondrais une lettre explicative à leurs parents : je ne tenais pas à voir débarquer tout le quartier le lendemain matin à la première heure...

Ils ont été impeccables ! Impliqués, responsables, engagés ! Un vrai délice.

Oh ! Mais il est tard !
Allez, ami Lecteur, il faut être raisonnable : déjà, ce matin à l'école, j'ai lu dans un exercice de conjugaison "Elle garnit le LAPIN de guirlandes multicolores"... je crois qu'il ne faut pas que je rogne trop sur le sommeil.
Mais dès que j'ai un moment, je te communique la fameuse lettre aux parents, glissée dans le journal des demi-pensionnaires avant qu'il ne parte dans les familles. Et puis je tâcherai de scanner aussi le courrier que le Monsieur énervé m'a renvoyé en retour. Et pour finir, la seule autre réaction de parent... mais ça, je te laisse le temps de le découvrir dans un prochain article !
Bonne nuit !

4 commentaires:

mamyvette a dit…

et ben...tu es digne d'un Simenon, d'un douglas Kennedy et d'autres Fred Vargas........
tu es la reine du suspense.
j'attends la suite en me rongeant les ongles..

pôv'lapin!!!!!! mais bon les dindes doivent respirer, si maintenant on s'en prend aux lapinous!!!!!

marie-Hélène a dit…

L'épopée de la presse : fascinant !

Mimi-Je Rêve a dit…

D'où l'intérêt de toujours préparer au moins une semaine en avance !!!

Tu pourras nous mettre l'article du journal, aussi, qu'on puisse savoir ce que ces petits journalistes en herbe avaient publié in fine ?

Mistinguette a dit…

Tu as raison, Mimi : ils avaient en effet modifié l'article en question dans le sens demandé, mais de façon très... succincte !

L'article était, dans sa seconde version, celui-ci :
"A savoir
Vers 1960, on enlevait les bébés qui étaient donc encore des foetus, avec des aiguilles à tricoter !
Pas de chance
La clinique I*** (où sont nés certains élèves de St ***) était envahie le matin du 01/03/97 par des anti-avortement."

Voilà voilà... grosse nuance, en effet !