Rechercher dans ce blog

samedi 21 septembre 2013

Bilan conclusif

Ami Lecteur, tu te souviens de mon grand léger découragement de cet hiver ? J'avais pris le temps de te faire un "bilan intermédiaire", pour reprendre la terminologie de la formation des maîtres...
Il est temps, à présent, de te donner des nouvelles de ces enfants que j'avais cités alors...

Il y avait An, interne, qui est un petit garçon adopté, nord-africain, en recherche intense d'identité, dont je t'ai déjà parlé ici. Nous l'avons gardé en CP, après lui avoir bien expliqué pourquoi. Il est plus paisible que l'an passé et essaye de faire le "grand". Pas facile quand même...

Il y avait Nie, externe, qui m'a tellement mobilisée, pompé une énergie folle, prise dans ses colères, ses accès de rage, ses menaces (Ah ! Ses petites dents autour de mon poignet, juste à la limite de la morsure, et ce regard qui disait : "je peux le faire, si je veux !). Elle est cette année suivie étroitement par un CMPP. La mère voit également une thérapeute. Et Nie est en internat.
Son enseignante est nouvelle dans notre école : elle est déjà en difficulté. Heureusement, l'équipe sait se mobiliser pour, solidairement, aider la maîtresse et l'élève !

Il y avait Iva, interne, cette année externe. Madirlo, alors qu'Iva et sa sœur étaient à nouveau en panique pour une semelle décollée ("Mama va me frapper ! Fort !") a décidé de voir la mère pour mettre les choses au clair. Il y a une telle tension dans cette famille... brrrr ! J'espère qu'on arrivera à faire avancer les choses !

Il y avait Maro, interne. Cosette ! Identique à elle-même, elle a toujours mal quelque part. La bonne nouvelle, c'est qu'à la suite de notre signalement, les services sociaux sont dans le coup.
La mère est en grande souffrance et n'arrive pas à aider son enfant. Le suivi psy en CMPP n'a pas été honoré comme prévu.  J'espère que l'assistante sociale pourra donner un coup de main de ce côté-ci, malgré les grandes réticences de la mère à se faire aider. Histoire compliquée...

Il y avait Max, externe, qui est ravi d'être en CE1. Pour l'instant, je n'en entends pas parler. Mais dès qu'il me voit traverser la cour, il vient me raconter comment il a réussi à battre les grands au foot ! (la cour des grands est réservée aux élèves à partir du CE1).

Il y avait Ad... il a changé d'école. Les parents, séparés, n'ont pas su être suffisamment cohérent dans le discours tenu à leur fils pour qu'il se sente bien en internat. Pas de nouvelles depuis.

Il y avait Dest, interne, qui s'est bien mise au boulot en fin d'année... mais qui passe toujours son temps à râler !

Et puis, il y a tous les autres, qui auraient besoin d'attention et d'un suivi rapproché :
Man a fait de vrais progrès et s'exprime bien mieux. Sa famille a l'air ravie de l'école.
Aub, si angoissé, a un bon sourire. Ses parents trouvent que nous avons fait des miracles : les maîtresses d'avant leur avaient dit que leur fils était limité... Il poursuit en CE1 : la maîtresse l'a bien repéré.
Bat, je n'en ai pas encore entendu parler : les autres prennent trop de place !
Et Em, est toujours aussi discrète et travailleuse.
Et Roma, a également changé d'école : sa mère n'arrivait plus à payer l'internat... et ne bénéficiait pas d'aide, ni du père des enfants, ni de l'Etat... dommage !
Et... Voilà !

En tous cas, c'est super de les voir grandir, de les croiser dans la "cour des grands", et de les entendre regretter le CP ! Pfff... Quelle aventure, quand même, cette première année !
:o)

9 commentaires:

Armand a dit…

Chère Mistinguette,
Ce qui est un peu malheureux, c'est qu'en plus d'enseigner, tu doives effectuer des tâches qui ne devraient normalement pas t'être confiées: résoudre des problèmes familiaux ou, même, carrément, faire office de psychiatre pour certains cas difficiles...
Mais, comme a dit un poète de ton pays, mieux inspiré que moi (et que tu connais certainement mieux que moi aussi): "Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche..."
Amitiés

Anne a dit…

Il nous faudrait, avec et autour de l'école, une équipe de professionnel compétents et disponibles! Les parents en ont besoin souvent. Et nos élèves devraient être disponibles pour les apprentissages...

le dinosaure a dit…

Travailler main dans la main et constamment avec des non enseignants est ton quotidien. C'est, je crois, celui de tout enseignant en milieu un peu "difficile". Il ne me viendrait pas à l'idée de ne pas travailler avec l'assistante sociale ou l'infirmière et je sais si une classe est "facile" ou pas au temps passé (ou pas) avec ces deux-là. Plus ça va plus nous mettons en place des parcours individualisés et adaptés. C'est lourd, c'est fatigant, c'est souvent aussi décourageant, mais c'est bien souvent aussi ce qui permet à nos élèves d'être un minimum disponible pour les apprentissages.
Chapeau bas pour ce que tu fais avec des tout petits, je crois que si petits je ne saurai pas les gérer!

Mamanlit a dit…

J'aime toujours autant lire sur ton métier... c'es surprenant et tu enseigne dans une école si particulière !

Loulou a dit…

C'est bien quand il y a un suivi, que l'on sait ce qu'ils deviennent !
Surtout quand comme toi, on s'investit à fond dans la tâche éducative.
Je te l'ai déjà dit mais je le répète : tu es une super instit !
Faudra te faire un beau costume moulant avec une cape, je pense ;o) !!!

Zozostéo a dit…

Je te souhaite une année moins difficile, et plus de réussite des enfants encore. C'est pour ça que tu fais ce métier, non?

Anonyme a dit…

Merci pour les nouvelles ... Cette année, je ne suis pas à l'école, comme tu le sais, mais j'aime croiser d'anciens élèves et voir ce qu'ils deviennent. Bravo pour ton travail ! J'ai l'impression que tes collègues et toi formez une super équipe :-D

Mistinguette a dit…

> Armand
Je suis dans une école où, en effet c'est le cas. Je l'ai choisie pour ça. Je ne pense pas qu'on puis arriver comme une parenthèse dans la vie d'un enfant, délivrer un savoir, et refermer la parenthèse. Je suis comme un homéopathe ou un ostéopathe : je prends la personne dans sa globalité, l'enfant dans son ensemble, avec son histoire et ses blessures, et pas seulement l'élève qui passe la porte de l'école... Ca me semble essentiel.
Cela dit, je ne suis pas thérapeute, ni assistante sociale : on travaille en réseau, et ça, c'est bien !
Merci pour la citation.
Je la mets à ma sauce :
"Gémir et pleurer est également lâche.
"Fais énergiquement ta longue et lourde tâche, soutenue par la prière..."
:o)

> Anne
Je suis bien d'accord ! Quel soulagement quand on a eu une psy à l'école deux 1/2 journées par semaine... et c'est encore si peu !

> Le dino
Tout pareil ! Sauf qu'on n'a pas d'infirmière sur place, et que les assistantes sociales ne sont pas toujours très dispo...
Je suis contente d'être au début de la chaîne : j'espère que certains qui passent par chez nous si tôt sont suffisamment étayés pour se tenir droit ensuite...

> Mamanlit
Merci ! Ca fait plaisir, ce que tu dis là !
J'ai choisi cette école pour ses particularités justement.
C'est la seule de la sorte dans la Grande Ville... même le l'enseignement public n'a pas de telles structures... c'est pour ça d'ailleurs qu'on a des élèves boursiers en internat.
:o)

Mistinguette a dit…

> Loulou
ARRETE ! Justement, mon gros travail depuis un certain temps, c'est d'enlever ma cape rouge et d'accepter de redevenir débutante sans trembler !!!
Et c'est ce dont je persuade également l'instit de CE1 qui vient d'arriver chez nous, d'une école TRES calme, et qui hérite de notre groupe de terribles !
Accepter de ne pas porter son costume moulant /cape rouge, c'est accepter l'aide de l'équipe avec bonheur, sans essayer de faire avec malgré tout, au-delà des limites raisonnables !
:o)

> Stef
Oui, revoir les anciens, c'est super. Et quand ils sont dans le supérieur et qu'ils repassent faire un coucou, c'est mieux encore !
Bonne chance pour ton aventure familiale.
:o)